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Elections européennes : au Parlement, les relations cordiales des têtes de liste françaises

Alors qu’ils se lancent dans une bataille électorale jusqu’au 9 juin, n’allez surtout pas leur dire qu’ils sont copains. Ils le prendraient mal, puisque c’est précisément ce genre de relations que guette leur adversaire aux élections européennes, Jordan Bardella, la tête de liste du Rassemblement national. Car qui dit copain dit, selon lui, copinage et donc tous dans le même sac. Exactement ce que souhaite dénoncer le candidat d’extrême droite.
Alors disons que, si François-Xavier Bellamy (LR), Valérie Hayer (Renaissance), Raphaël Glucksmann (Parti socialiste, Place publique), Marie Toussaint (EELV) et Manon Aubry (LFI) ne sont pas copains ni amis, ils s’apprécient. Tous eurodéputés sortants (cas unique dans des élections européennes) et de la même génération, ils ont vécu cinq années dans les coursives du Parlement de Bruxelles et de Strasbourg, ont siégé souvent jusqu’à tard dans la nuit au sein d’obscures commissions, à batailler sur des textes à la technicité effroyable.
Leur bilan est inversement proportionnel à celui de notre Assemblée nationale, où s’est installé, depuis presque deux ans, un climat d’invectives et parfois de violence verbale. « C’est vrai qu’on s’apprécie entre nous, résume Valérie Hayer, la candidate macroniste. Ce sont tous des gens très sympas. » Il y a plusieurs mois, à l’occasion d’un dîner à Bruxelles, alors que Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron, n’a toujours pas de tête de liste, François-Xavier Bellamy pousse Valérie Hayer à candidater : « C’est toi qui dois y aller, fonce ! »
Elle s’est demandé s’il y avait là un piège, une entourloupe ou un coup de ­billard à trois bandes. « Je me suis posé des questions, pour comprendre que c’était en fait ­totalement désintéressé », se rappelle-t-elle. Ce que confirme François-Xavier Bellamy : « En réalité, mon intérêt était que Pascal Canfin soit le candidat de la majorité, car cela m’ouvrait un espace à droite. Je l’ai encouragée, car je trouvais qu’elle était parfaitement légitime à devenir tête de liste. » Une fois qu’elle a été nommée, Bellamy s’est ­évidemment empressé de la féliciter.
Les deux députés européens ont appris à se connaître, au début de leur mandat en commission sur la « réserve d’ajustement au Brexit ». Un sujet horriblement technique sur les contreparties financières à la sortie du Royaume-Uni de l’UE. Chacun était le chef de délégation de son parti. Depuis, ils sont restés en excellents termes. La tête de liste LR, ex-professeur de philosophie, à l’allure de premier communiant et aux positions pro-Manif pour tous, cultive la réputation d’un homme bienveillant, respectueux et sympathique. « Ce n’est pas une posture : il est comme ça avec tout le monde, les députés comme les femmes de ménage », témoigne Raphaël Glucksmann.
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